« Les enfants ont besoin de comprendre le monde », assure Pierre, 28 ans, journaliste pour différents titres de presse jeunesse. Pour les informer, les journaux font preuve de pédagogie et alternent sujets « sérieux » et plus ludiques. Acteurs du monde qu’ils habitent, les enfants ont besoins de mots d’images choisis avec inteligence, on fait le point.
Comment parle-t-on d’actualité aux enfants ?
« La base est la même que lorsque l'on s'adresse à des adultes. Il faut être juste, précis et compréhensible. La différence, c'est l'apport pédagogique supplémentaire : tout en leur délivrant l'information, il faut leur donner les clés pour la comprendre.
Par exemple, un enfant de 11 ans n'a pas en tête toutes les références historiques ou culturelles que peut avoir un adulte. Un enfant né en 2005 n'a pas connu la victoire de l'équipe de France de football en 1998, ni les attaques terroristes du 11 septembre 2001. Il faut toujours avoir cela en tête. »
Est-ce qu'il y a des précautions à prendre sur des sujets violents ?
« Oui, surtout avec les images. On ne peut pas montrer des scènes d'horreur à des enfants. D'autant que cela n'apporte pas grand-chose à l'information. Il faut aussi prendre des précautions sur des sujets comme la religion ou la politique : en aucun cas ne prendre parti, car ils sont influençables. Encore plus qu'avec les adultes, chaque mot doit être pesé. »
Est-ce que vous rencontrez des enfants pour préparer vos émissions ?
« Nous sommes à l'écoute des enfants que l'on connaît (cousins, enfants d'ami, etc) pour savoir ce qui les intéresse en fonction de leur âge. Il y a également des enfants qui passent à la rédaction. C'est l'occasion d'en apprendre plus sur leurs centres d'intérêt. Pour le choix des sujets, il faut trouver un juste équilibre entre les sujets « de grands », que l'on ne peut pas éviter (un attentat, une élection, etc) et les sujets qui les concernent directement. »
Est-ce qu'ils sont intéressés par les mêmes sujets que les adultes ?
« Plus souvent qu'on ne le croit ! Les sujets dits « sérieux » les intéressent. Ce qui se passe dans le monde les intrigue et ils ont besoin de comprendre. À nous de leur apporter les réponses. Le JT de 20h « des grands » n'est pas fait pour eux. Ils l'écoutent d'une oreille distraite mais ne saisissent pas tout. Il faut qu'ils puissent s'identifier à l'information. Ils se sentent plus concernés si on leur parle d'un enfant du même âge qu'eux. Par exemple, lors du tremblement de terre en Équateur, nous évoquons les enfants qui ont été touchés car ils étaient à l'école ou chez eux au moment du séisme. »
Comment les enfants discernent-ils une information fiable d’une autre qui ne l’est pas ?
« C'est la grosse responsabilité d'un journal ou d’une émission télévisée. Sur Internet, ils peuvent trouver tout et n’importe quoi. Le danger, c'est qu'ils finissent par accorder plus de crédibilité à ce qu'ils trouvent sur Internet qu'aux journalistes. C'est le travail du journaliste de rester informé de ce qui circule sur internet, pour le vérifier et dire à ces enfants : Attention, cette info est totalement fausse, même si tu la vois sur de nombreux sites. »
Et si vous voulez familiariser votre enfant avec l’actualité, voici quelques sites fiables :
http://www.1jour1actu.com/
http://www.lalsace.fr/jde/a-la-une
https://lespetitscitoyens.com/
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