C’est une vieille rengaine, la dyslexie serait liée à un problème affectif. Catherine Billard, spécialiste de la question et auteure de « Dyslexie et troubles associés, on s’en sort ! » (Ed. TomPousse, 2016), bat ces clichés en brèche.
Est-ce que la dyslexie est liée à un problème affectif ?
« Cette affirmation est source de confusion. Il y a 30 ou 40 ans en France, contrairement aux pays anglo-saxons, on considérait que la dyslexie était d’ordre psychologique. Cela n'est pas le cas. Il faut éviter cette confusion qui est très culpabilisante. »
La dyslexie n’a donc rien à voir avec la psychologie ?
« La dyslexie n'est pas une affection psychologique, mais il peut y avoir des troubles associés affectifs. En premier lieu parce qu'il y a des enfants plus fragiles que d'autres, qui vont se désespérer parce qu'ils sont en difficulté dans l'apprentissage de la lecture. Mais aussi parce qu'ils ne sont pas reconnus, sont en échec. Ils peuvent donc avoir des réactions négatives en ne reconnaissant pas que cette situation n’est pas de leur faute. Ce n’est pas qu’ils n’y arrivent pas, c’est qu’ils ne peuvent pas y arriver. »
Les problèmes psychologiques sont donc davantage une conséquence de la dyslexie ...
« Oui, cela peut être une conséquence, particulièrement sur des enfants fragiles sur le plan narcissique. Ceux qui n'ont pas une très bonne confiance en eux. Et puis, de temps en temps, la dyslexie prend un rôle dans une dynamique familiale particulière. Pour comparer, quelqu'un de migraineux, dans une dynamique familiale fragile, va développer davantage de migraines. Quand il y a des troubles affectifs associés à la dyslexie, il faut les reconnaître car l'enfant est en souffrance. Il faut traiter les deux, à la fois la dyslexie et la fragilité psychoaffective. »
Pourquoi la dyslexie a-t-elle été associée à des problèmes psychologiques ?
« Les sciences cognitives se sont très nettement développées dans les pays anglo-saxons depuis 40-50 ans. En France, ces sciences cognitives n’étaient pas du tout connues. La plupart des centres qui suivaient ces enfants étaient des centres médico-psychologiques, dirigés par des pédopsychiatres. Avant le plan langage 2000 (un rapport sur la dyslexie, ndlr) il y avait une méconnaissance claire des origines cognitives de ce trouble, alors qu'elles existaient dans la littérature internationale. Le plan 2000 a permis aux parents de clarifier la compréhension de ces phénomènes. »
Vous avez aimé ? Dites-le en commentaire ?